Retourner

Volkswagen XL1 : ingénierie radicale

Voulue par le génial Ferdinand Piëch, héritier de la famille Porsche et stratège du Groupe Volkswagen pendant des décennies, la Volkswagen XL1 est un manfeste roulant de la technologie européenne !

Présentée comme la voiture de série la plus efficiente du monde lors de sa sortie, elle a été développée avec un objectif obsessionnel : descendre sous 1 litre de carburant aux 100 km. Les ingénieurs n’ont fait aucune concession au confort ou aux usages traditionnels pour atteindre ce résultat. Le modèle final a été produit en quantité ultra-limitée (250 exemplaires), plus proche d’un prototype homologué que d’une voiture grand public.

Design : l’aérodynamisme comme religion

Dès le premier regard, la XL1 ne ressemble à rien de connu. Toute sa silhouette est dictée par l’aérodynamique. Elle affiche un coefficient de traînée exceptionnel de 0,189 — une valeur digne d’un concept futuriste. La ligne « goutte d’eau », le pavillon fuyant, les voies arrière resserrées, les roues carénées, les caméras remplaçant les rétroviseurs et les portes en élytre sont autant d’indices de son extrême optimisation. Le châssis et la carrosserie en fibre de carbone renforcée (CFRP) participent à un poids sensationnellement bas : 795 kg seulement.

Minimaliste

L’habitacle de la XL1 est une leçon de rationalité. La voiture est une stricte biplace, avec les deux occupants légèrement décalés l’un par rapport à l’autre pour optimiser l’espace et l’écoulement d’air. Les sièges sont fins et fermes, les garnitures dépouillées, chaque élément n’existe que s’il apporte un gain énergétique ou structurel. L’équipement est réduit au strict nécessaire, mais l’ergonomie reste soignée. On se sent à mi-chemin entre un cockpit d’avion léger et un laboratoire, avec une position de conduite très basse et une visibilité arrière réduite, compensée par les caméras.

Motorisation hybride

La XL1 est animée par un ensemble hybride rechargeable très particulier : un petit moteur bicylindre diesel TDI de 0,8 L (adapté d’un 1.6 coupé en deux), associé à un moteur électrique et une batterie lithium-ion de petite capacité. L’ensemble développe un total de 69 ch. Sur le papier, cela semble dérisoire, mais rapporté au poids réduit, cela suffit à atteindre 160 km/h et à réaliser le 0-100 km/h en 12,7 s, ce qui est plus qu’honorable pour un véhicule dédié à la sobriété. La consommation est le point central : la XL1 peut rouler environ 50 km en tout électrique en conditions idéales, et afficher une moyenne homologuée d’environ 0,9 L/100 km en cycle mixte. En conduite réelle, il est possible de se situer entre 1,0 et 2,0 L/100 km selon l’usage — des chiffres inatteignables par toute autre voiture de série thermique de l’époque.

Sur la route : étrange, douce et ultra-spécifique

Conduire la XL1 est une expérience. La position très basse donne l’impression d’être dans une GT, alors que la philosophie est opposée. Le silence en mode électrique, la douceur de la transmission DSG et l’absence quasi-totale de masse font que la voiture glisse plus qu’elle ne roule. Sa légèreté se ressent à chaque mouvement : direction précise, freinage mordant, relances vives pour sa puissance. Le tout inspire une efficacité déroutante. Mais la XL1 n’est pas conçue pour l’autoroute. Son terrain de prédilection est la ville et la périphérie, où elle évolue presque sans consommer. Sur voie rapide, sa faible masse et sa section frontale réduite la rendent très stable, mais les bruits aérodynamiques reviennent, et les performances restent modestes.

Jalon historique

La Volkswagen XL1 est un objet technique fascinant et un jalon dans l’histoire automobile. Elle a démontré qu’une voiture homologuée, utilisable et réellement produite pouvait descendre sous 1 L/100 km avec des choix radicaux mais cohérents. Elle n’a jamais eu vocation à se démocratiser : c’est une vitrine technologique, un manifeste industriel et un collector absolu.

©DM 30/10/2025 Texte et photos : ©Pierre Fontignies